Je viens de me mettre à fredonner du -M-, là.
Aujourd’hui, j’étais toute seule. Comme souvent en fait, depuis que Monsieur Chéri travaille assidûment pour pouvoir continuer à m’entretenir. Je suis une femme exigeante, n’oubliez-pas, qui le harcèle pour acheter un calendrier de l’avent Ciaté. Et même si je suis toute seule assez souvent depuis octobre, je ne sais pas trop comment on fait pour être seul et apprécier. Je n’ai jamais choisi la solitude. Alors je me suis souvent cachée derrière un « Je suis une solitaire, moi », le fait est que c’était un pieux mensonge, qui me permettait de mieux faire face aux regards des gens qui remarquent combien tu es seule tout le temps, combien peu tu as d’amis, combien peu les gens se demandent où tu es, si tu vas bien, quand tu reviens, lorsque tu es absente.
La solitude, donc, ça s’apprivoise. Il y a de cela trois mois, si vous m’aviez dit que Monsieur Chéri, cet être fabuleux et quasiment irréel de perfection — non, je n’en rajoute absolument pas — partirait deux semaines sur quatre à Paris en me laissant le lit pour moi toute seule, j’aurais ri. Puis pleuré. Puis déprimé toute ma vie, avant de vous dire, « impossible, je n’y survivrais pas ». Petit problème de sentiment d’abandon, par ici. Et en fait il faut bien s’habituer. La vie continue. J’apprends tout doucement qu’on peut s’aimer et être loin, et ne pas se voir ni se toucher pendant cinq jours. Oh, c’est long cinq jours… Pour tout vous dire, depuis octobre que j’y suis confrontée régulièrement, c’est le premier jour que je passe entièrement seule, sans aller faire coucou à unetelle, ou sans me réfugier chez mes parents. J’aurais pu y retourner d’ailleurs, mais je sais pas. Je sentais que j’étais prête, à tenter l’expérience.
Mais qu’est-ce qu’elle raconte, celle-là ? L’expérience de quoi ? C’est si terrible d’être toute seule une journée ? Boudiou, la geignarde. (suite…)